mercredi 4 mai 2011

Les primaires, ou la quête d'un leader.


On peut le concevoir, les primaires socialistes partent d'un bon sentiment. Expression d'une certaine démocratie, elles permettent aux sympathisants de gauche de décider de qui sera leur meilleur candidat pour les représenter à l'élection présidentielle. Par deux fois dans ces 15 dernières années, le PS a recouru à ce système. Par deux fois, il a fallu désigner un "poulain", un champion parce qu'aucun leader naturel ne se détachait.

En 1981, 1988 et 2002, elles n'avaient pas lieu d'être. Dans les années 80, François Mitterand était le leader incontestable de la gauche, de même que Lionel Jospin l'était en 2002; après cinq ans passés à Matignon. C'est d'ailleurs en 1995 que Jospin est devenu le leader du PS.
Après le renoncement de l'hyper-favori Jacques Delors (un peu le DSK de l'époque) à se présenter à l'élection présidentielle, il a fallu organiser une primaire opposant Lionel Jospin donc, et Henri Emmanuelli. Jospin a remporté cette primaire haut la main, a perdu face à Jacques Chirac, est devenu de fait le leader de l'opposition et donc tout naturellement le premier ministre de cohabitation de l'ex président du RPR.
En 2007, théâtre des deuxièmes primaires en 12 ans, il a fallu désigner un nouveau candidat, le leader Jospin ayant quitté la vie politique. On efface tout et on recommence donc, comme après l'ère Mitterand.
On s'en souvient tous, Ségolène Royal a été investie par le PS, au nez et à la barbe de ses camarades Fabius et Strauss-Kahn. Rebelote, la candidate de la gauche perd face au candidat de la droite. Oui mais voilà, la situation n'est pas la même que celle d'après 1995. La gauche n'a pas eu l'occasion de s'emparer de l'assemblée nationale et pire encore, n'apparaît même plus comme la principale force d'opposition du pays aux yeux de beaucoup de personnes. Le FN est passé par là entre temps, et d'autres partis alternatifs comme Europe-Ecologie Les Verts ou le MoDem se verraient bien dépasser le PS dans la course à l'alternance.

Pour la troisième fois, le parti socialiste se retrouve dans la situation de quête d'un leader. Personne, au sein de cette formation n'a su s'imposer et devenir un présidentiable potentiel et unique. Au lieu de cela, on assiste à une guerre intestine qui brouille les cartes et plonge les électeurs dans la confusion. On a notamment eu le droit a un "franchement, vous voyez François Hollande président ?" signé Laurent Fabius, une vraie-fausse déclaration de Martine Aubry disant qu'elle ne se présenterait pas venant d'on ne sait où et il n'est pas impossible que la photo de Dominique Strauss-Kahn aux côtés d'une Porsche ravive l'hostilité de l'aile gauche du PS, accompagnée d'une candidature possible de Benoît Hamon.
A côté de ça, des leaders de gauche, de centre et de droite sont déjà positionnés à l'instar de Nicolas Sarkozy (sauf coup de théâtre), François Bayrou, Marine Le Pen ou encore Jean-Luc Mélenchon (la candidature d'André Chassagne serait suicidaire pour la gauche de la gauche).
On pourra objecter que le parti socialiste a au moins le mérite d'avoir un programme complet et déjà établi. C'est un fait, mais les projecteurs sont actuellement tournés vers les querelles et batailles d'ego. S'il y a un seul conseil qui pourrait être donné aux socialistes, ce serait de désigner un candidat très rapidement, quitte à renoncer aux primaires. D'autres part, gageons qu'une autre investiture que celle de Dominique Strauss-Kahn ou de Martine Aubry serait synonyme de défaite assurée...

Photo: En 1974, 1981 et 1988, Mitterrand se passait allégrement d'élections primaires.

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