samedi 14 mai 2011

Laurent Wauquiez, cancer de la droite.


Cette semaine, une déclaration a agité le monde politique français. Laurent Wauquiez, ministre des affaires européennes auprès du ministre des affaires étrangères Alain Juppé s'est prononcé en faveur d'un plafonnement des revenus totaux du RSA à 75% du SMIC ainsi qu'une contribution de 5h par semaine à différents travaux aux bénéficiaires de cette allocation.
Pour tout dire, cette sortie très médiatisée a provoqué un tollé. La gauche s'est sans surprise élevée contre cette proposition mais la majorité n'a pas non plus totalement épargné le ministre. Roselyne Bachelot tout d'abord, s'y est déclarée opposée jugeant qu'une telle mesure était difficile à mettre en place et posait des "difficultés de principe". Le papa du RSA, Martin Hirsch n'était quand a lui pas du tout favorable à une remise en question du système qu'il a créé.
Ensuite, c'est le chef du gouvernement lui-même, François Fillon qui a recadré son ministre. Selon lui, le RSA ne doit pas non plus être retouché et Laurent Wauquiez a été critiqué pour être sorti de son domaine de compétences. Il apparaît effectivement étrange que le détenteur du portefeuille européen s'occupe de questions d'allocations nationales. Et justement, c'est d'abord sur la forme que cette proposition dérange.
Acteur de la droitisation de l'UMP, Laurent Wauquiez cherche à draguer les électeurs d'extrême-droite en reprenant la rengaine de Jean-Marie Le Pen, "je dis tout haut ce que les français pensent tout bas". Le procédé est également connu, à savoir la stigmatisation des chômeurs prétendument fainéants. Egalement, la sortie du ministre peut s'expliquer par une recherche de notoriété. Qui, dans le grand public connaissait Laurent Wauquiez avant que celui-ci ne soit mis sous le feu des projecteurs après ses déclarations ?

Sur le fond, la proposition de Laurent Wauquiez est maladroite mais l'idée mériterait d'être approfondie.

Contrepartie de 5 heures par semaine : Dans l'absolu, la proposition est intéressante. Encore faut-il qu'elle soit dirigée vers les compétences et les aspirations du demandeur d'emploi. En effet, avoir une activité pendant une période plus ou moins longue de chômage permettrait d'acquérir plus d'expérience, de "garder la main" et d'avoir une activité sociale pour les individus les plus isolés. Mais cette mesure ne saurait être rendue obligatoire mais plutôt incitative. Chercher un emploi est également un travail à plein temps. Il n'est pas sûr que la majorité des demandeurs d'emploi trouve 5 heures à consacrer par semaine, surtout si l'activité proposée n'a rien à voir avec leurs compétences et leur formation. Peut-être faudrait-il donc se diriger vers un accompagnement des plus isolés, de ceux qui ont perdu leurs repères sociaux et professionnels par ces activités hebdomadaires. Evitons les amalgames, cette proportion ne représente pas la majorité des chômeurs mais il n'est pas non plus rare de voir des personnes régulièrement sortir
du circuit social et professionnel.

Plafonnement des allocations à 75% du SMIC: Certes, mais avec un SMIC à quelle valeur ? Certains chiffres nous montrent qu'une famille avec 3 enfants touche une allocation d'un montant plus élevé que si une de ces personnes travaillait en gagnant un SMIC. On peut comprendre que ce montant n'est pas une incitation à trouver un travail. Toutefois, ce n'est pas le RSA qui doit être diminué mais la "valeur travail" doit être revalorisée et augmentée. C'était d'ailleurs une des propositions phares de Nicolas Sarkozy en 2007 et qui n'a jamais réellement vu le jour. Gardons tout de même à l'esprit que le RSA est un maigre revenu permettant tout juste de survivre et qu'aucun travail ne propose un salaire de 410 euros par mois, sauf cas exceptionnel de travail à temps partiel, et encore...

Notons également que le RSA, évolution de l'ancien RMI implique un investissement personnel du demandeur d'emploi qui est plus que vivement incité à multiplier les démarches pour trouver une activité professionnelle.

Dans tous les cas, il est évident qu'une lutte renforcée contre les fraudes comme l'a rappelé Brice Hortefeux, l'un des rares soutien de Laurent Wauquiez est nécessaire pour continuer à garantir un système juste.

Grande polémique, il se pourrait que l'assistanat devienne un thème de campagne pour les élections de 2012, surtout si le front national continue à garder le même poids médiatique. Au moins le débat est lancé et permet de réfléchir à certaines propositions pour recadrer le système, mais aussi les nombreuses idées reçues.

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