mercredi 18 mai 2011

Une confédération du centre bancale.


Là, on commence a toucher à des points sensibles. Vous pouvez aisément vous doutez de la couleur politique de ce blog, pas forcément favorable à la majorité présidentielle ni à ses néo-dissidents. Malgré tout, essayons de garder un minimum d'objectivité.

Tout commence en 2007, lorsqu'un homme, François Bayrou et un parti l'UDF, jouent les trublions dans la course à la présidentielle en rassemblant 18% des voix, derrière les deux partis traditionnels que sont le PS et l'UMP. Dès lors, un vent nouveau avait soufflé sur la politique française. Il fallait désormais compter sur une nouvelle force politique, le centre, un mouvement à l'écart de la bataille droite/gauche. 18% d'électeurs avaient manifesté l'espoir de voir naître une troisième voie.
En théorie, c'était un beau projet ayant vocation à gouverner, face à une gauche peinant à se renouveler et au gouvernement Sarkozy/Fillon loin d'être convainquant. Pourtant, rien ne s'est passé comme prévu. A peine le premier tour terminé, une bonne partie des centristes de l'UDF menés par Hervé Morin décide de ne pas suivre la ligne d'indépendance et de "troisième voie" prônée par François Bayrou pour soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy.
Depuis, le Nouveau Centre, parti d'Hervé Morin représentant le pôle centriste de la majorité s'est greffé au gouvernement Fillon en le soutenant et votant la quasi totalité des lois durant ce quinquennat. Du moins jusqu'au mois de Novembre 2010.
Les choses n'allaient plus vraiment entre les ex-UDF réunis au sein du Nouveau Centre et la majorité. Les voix s'élèvent contre la "droitisation" de Nicolas Sarkozy, Hervé Morin et un autre ministre de droite modérée, Jean-Louis Borloo sont évincés.
Quelques tractations plus tard, ces déçus du Sarkozysme se réunissent en compagnie de Jean-Marie Bockel, repenti de la gauche et d'Hervé de Charette, autre ex-UDF.

Et voilà que naît la "confédération des centres". Mais il manque quelque chose à ce grand rassemblement. Ou plutôt quelqu'un.
Comment en effet revendiquer le titre de "centriste" sans celui qui a tracé la voie de l'indépendance et de l'émancipation par rapport à la droite ? Depuis 1998 et la nouvelle UDF, François Bayrou n'a jamais cessé de naviguer entre scepticisme et rejet de la droite jusqu'à ce jour où le Mouvement Démocrate est devenu un véritable parti centriste, au sens strict du terme.

L'indépendance est non seulement idéologique mais également financière. Le parti radical de Jean-Louis Borloo doit actuellement réfléchir a deux fois avant de quitter réellement l'UMP, tant le soutien financier de ce dernier est énorme. De même, certains parlementaires radicaux et du nouveau centre peuvent craindre pour leurs sièges de députés si le divorce est prononcé.

Toutefois, un rassemblement de la famille centriste après une séparation fracassante il y a maintenant quatre ans paraît improbable.
Car même si la confédération centriste a vocation à présenter un candidat à la présidentielle (très certainement Jean-Louis Borloo ou Hervé Morin) et donc de s'affirmer face à Nicolas Sarkozy, lui-même candidat à 99,9% pour l'UMP ces centristes restent des politiciens de droite, ce qu'ils revendiquent d'ailleurs. Les initiateurs de ce mouvement ont même parlé de "deuxième droite". Il n'est donc pas difficile de deviner vers qui se portera leur soutien en cas d'absence au second tour...
Le Mouvement Démocrate au contraire, n'a aucune envie de jouer les faire-valoir et ne soutiendra certainement pas un autre candidat que François Bayrou au second tour, au risque de voir l'indépendance patiemment construite au fil des années voler en éclats.

Il semble donc que l'on s'achemine vers au moins deux candidatures centristes pour 2012, avec François Bayrou et le MoDem d'un côté ainsi que le candidat de la confédération centriste. Entre ces deux formations s'est donc érigé un mur imperméable, qui peut rappeler celui de Berlin. Il semble donc qu'il faille attendre pour voir une hypothétique réunification.

Photo: Jean-Louis Borloo. Y pense t-il le matin en se rasant ?

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