dimanche 25 février 2018

Réflexions utopiques #1 - De la royauté


C'est une folie diront certains. De l'archaïsme, un retour à l'Ancien Régime. Il n'en est rien. La France, au vingt et unième siècle peut retrouver un roi. L'idée n'est évidemment pas de revenir au temps des privilèges, ni même au faste des palais et des cérémonies. Cette idée part d'un constat. Celui que notre chef d'Etat actuellement élu se voit attribuer la confiance – quand ce n'est pas un choix par défaut – d'une «majorité» de Français. J'écris sciemment le mot majorité entre guillemets car cela fait bien longtemps qu'un président de la république n'a pas été élu par une majorité, si ce n'est par celle des électeurs ayant exprimé leurs suffrages. C'est un fait, les Français se désintéressent de la politique et du choix de leur président, dont l'élection est pourtant censée être la plus passionnante, la plus exaltante.
En mai 2017, Emmanuel Macron a été élu à la plus haute fonction de l'Etat. Son score face à Marine Le Pen -66,10%- paraît honorable. Cependant, il ne s'agit que du résultat des suffrages exprimés. En réalité, l'abstention de 25,44% (un quart des Français inscrits sur les listes électorales !) ramène le score d'Emmanuel Macron sur l'ensemble des inscrits à seulement 43,61%. On est loin de la majorité. Pire, cela signifie que plus de la moitié des Français ne se sentent pas représentés par le président actuel. Pourtant, cela ne remet pas en cause la légitimité d'Emmanuel Macron. Toute personne de plus de 18 ans jouissant de ses droits civiques a le droit et même le devoir de voter. Les abstentionnistes font donc le choix de ne pas choisir. Et quand une part non négligeable de la population ne choisit pas ou alors ne se sent pas représentée car ayant choisi le ou la candidat(e) adverse, il y a un problème évident de représentation. Macron est la France mais il n'est pas les Français.

Une exception française
En réalité, le cas de la France n'est pas si courant dans le monde. Peu de pays confèrent dans les mains d'un seul homme – ou d'une seule femme- autant de pouvoir(s). Par sa faculté d' «arbitrage», tel que précisée dans l'article 5 de la constitution, le président de la république peut bien des choses. La formule est ambiguë. Elle est du Général de Gaulle qui a voulu s'arroger beaucoup de pouvoir afin de redresser la France. Car si le gouvernement a le pouvoir de «déterminer et conduire la politique de la nation» (article 20), l'influence du président est plus que conséquente. Il suffit de comparer nos institutions à celles de nos voisins. En Allemgane, le président n'a quasiment aucun pouvoir. Idem en Italie. Le chancelier dans un cas et le président du conseil dans l'autre dirigent la politique intérieure et extérieure de leur pays. Que reste t-il donc au président ? La représentation et l'unité de la nation. C'est d'ailleurs ce qu'est censé faire un président français mais sa représentation est érodée pour des raisons citées plus haut.

Osons la royauté !
C'est donc d'un Roi -ou d'une Reine- dont les Français ont besoin. Thomas Legrand a écrit en 2014 un livre intitulé Arrêtons d'élire des présidents. La formule un brin provocatrice couve une proposition bien plus rationnelle. Alors que nos chefs d'Etat successifs, disons depuis Nicolas Sarkozy, sont sous le feu des projecteurs médiatiques, sous le jugement permanent des réseaux sociaux; leur baisse de crédibilité et de hauteur dans la fonction s'effondrent proportionnellement à la fréquence de leurs erreurs, maladresses et -osons le dire- leurs bassesses. La meute populaire est impitoyable d'autant que le représentant a été élu. Il y a donc un sentiment de trahison qui règne lorsque l'électeur se sent bafoué.
Mais alors, pourquoi un Roi ? Nous en avons eu, même après la Révolution. Il en subsiste encore en Europe (regardez du côté du Royaume-Uni, de la Belgique, de l'Espagne...). A mon sens, seul un Roi – ou une Reine- pourrait unir tous les Français. Ce serait une réconciliation historique de la France avec son passé. Il faudrait aller chercher notre souverain dans la maison d'Orléans. En effet, il s'agit de la seule maison royale dont les descendants vivent encore en France. Toutefois, la règle selon laquelle le fils aîné de chaque roi deviendrait automatiquement chef de l'Etat n'aurait plus cours. Il s'agirait simplement de l'aîné, sans distinction de sexe. Actuellement, le prétendant au trône de France se nomme Henri d'Orléans. A 84 ans, il est sage de considérer que cet homme a atteint la limite d'âge. La génération suivante pourrait prendre le relais, à savoir sa fille Marie d'Orléans, née en 1959.

Un représentant de la nation
Evidemment, il ne s'agirait pas de cantonner le futur chef de l'Etat royal à un rôle de stricte représentation. Ce n'est pas parce qu'il aurait ce rôle qu'il n'aurait QUE ce rôle. Bien sûr, un nouveau mode de gouvernance impliquerait une nouvelle constitution. Ne serait-ce que parce que nous ne serions plus en république stricto sensu. La «monarchie républicaine» tiendrait plus de l'oxymore que d'un régime politique crédible. Pourtant, c'est en ces termes que la 5ème république est parfois qualifiée. Parce que le président a beaucoup de pouvoirs, il est un monarque républicain. Il n'y a que trois exceptions à ce schéma: les cohabitations de 1986, 1993 et 1997. Sur ces trois périodes (1986-1988, 1993-1997, 1997-2002), le premier ministre n'était pas de la même couleur politique que le président. Mais puisque dans notre constitution c'est le parlement qui détermine la majorité et donc le gouvernement, François Mitterrand a été contraint par deux fois de désigner un premier ministre de droite (Jacques Chirac en 1986 et Edouard Balladur en 1993). Chirac a fait de même avec Lionel Jospin en 1997. Puisque ces premiers ministres avaient la majorité avec eux, ils déterminaient et conduisaient la politique de la nation. Le président était contraint d'accepter les mesures présentées par le gouvernement mais il gardait tout de même quelques prérogatives comme la représentation devant la nation et -dans une certaine mesure- la diplomatie et la politique étrangère en concertation avec le chef du gouvernement.

Des pouvoirs limités mais réels
C'est en fait ce double rôle que devra remplir le futur monarque. La politique interne de la nation serait dirigée par le premier ministre et son gouvernement. Le roi -la reine- aura un regard sur la conduite du gouvernement. Il ou elle assistera au conseil des ministres, rencontrera le premier ministre au moins une fois par semaine et aura son mot à dire. Il ou elle aura un rôle prépondérant à l'étranger, puisque dans cette nouvelle constitution (j'y reviendrai dans un prochain billet), le premier ministre donnera priorité à la politique intérieure. Toutefois, rien ne pourra se faire sans l'aval du premier ministre, seul habilité à gouverner.
Surtout, le roi ou la reine sera le visage de la France auprès des Français. Il ou elle s'adressera à la nation, se déplacera dans tout le territoire afin de rencontrer les habitants du pays. Il ou elle sera habilité à remonter les remarques, préoccupations, inquiétudes au gouvernement. Lors d'événements, d'éventuels attentats, de catastrophe naturelles, le roi ou la reine sera là. Il ou elle représentera la France. Toutefois, il n'y aura aucune once de politique dans tout cela, et c'est là toute la différence avec notre système actuel où le président ne peut s'empêcher de penser à sa réélection ou à faire plaisir aux copains en délivrant un discours ou en intervenant à Lille, Brest, Strasbourg, Marseille...

A quand ?
Avec un roi, une reine, l'objectif de réhabilitation d'un chef d'Etat français serait rempli. Non élu, il ou elle n'aurait pas de compte à rendre aux Français. Nommé(e) sans limite de durée mais avec possibilité de révocation -les modalités seront à définir dans un prochain billet-, avec des pouvoirs limités mais existants, il ou elle n'aura pas à se préoccuper de sa ligne politique. Il ou elle sera un monarque bienveillant, au service du peuple français. Longue vie à la Reine des Français, Marie Ière que j'appelle de mes vœux (utopiques, bien entendu...).

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