mercredi 6 juillet 2011

Election présidentielle: les forces en présence (2/2)

La deuxième partie de notre analyse concerne aujourd'hui les partis de centre de droite. Beaucoup de candidats se présentent de ce côté-ci, au grand dam de Nicolas Sarkozy partisan de l'unité pour éviter une absence plus ou moins probable au second tour.

Le MoDem: comme en 2007 ?

Lors de la précédente élection présidentielle, François Bayrou avait fait figure de troisième homme. Un vent nouveau soufflait sur la France, l'UDF/MoDem se proclamant à l'époque au dessus du clivage droite/gauche, constituant un véritable parti de centre. Depuis, les choses se sont compliquées. A la création du mouvement démocrate, successeur direct de l'UDF, la majorité des députés ne suivent pas le béarnais et décident de rejoindre le Nouveau Centre et son chef de file Hervé Morin.
Ensuite, les scores n'ont jamais atteint les 18.6% de François Bayrou en 2007. En effet, les élections locales n'ont pas été brillantes depuis 2008 mais toujours fidèle à sa stratégie ni-droite ni-gauche et fustigeant le quinquennat de Nicolas Sarkozy avec son livre "Abus de pouvoir"; le député des Pyrénées-Atlantiques semble décidé à rééditer son score de 2007...voire faire mieux.

L'ARES, nouvelle force de centre-droit

De plus en plus hostiles à la majorité actuelle mais n'ayant aucune envie de rejoindre le MoDem de François Bayrou, les centristes du gouvernement Fillon ont décidé de créer leur confédération (voir article "Une confédération du centre bancale"). Réunissant le parti radical de Jean-Louis Borloo, le nouveau centre d'Hervé Morin, la gauche moderne de Jean-Marie Bockel et la convention démocrate d'Hervé de Charette l'alliance républicaine, écologique et sociale est née. Son but est de créer une alternative à Nicolas Sarkozy, utilisant parfois le terme de deuxième droite. Toutefois, cette initiative dérange, l'actuel président de la république craignant la concurrence du PS et du FN capables selon lui de créer un "21-Avril à l'envers". Après la dissidence de Dominique de Villepin, l'initiative menée par Jean-Louis Borloo est donc une seconde épine dans le pied du chef de l'UMP.
D'ailleurs, ces néo-centristes de droite comptent apporter leur soutien dès le second tour à Nicolas Sarkozy si celui y est présent et il se pourrait même qu'aucun candidat ne représente cette alliance l'année prochaine.

République Solidaire, le nouveau parti de Dominique de Villepin

Depuis l'affaire Cleastream, ont dépeint l'ancien premier ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy comme des rivaux. A tel point que le premier cité a quitté l'UMP et a ensuite créé son propre mouvement, République Solidaire. Soutenu par 7 députés, 1 sénateur et entre 15 000 et 20 000 adhérents, Dominique de Villepin a présenté un programme détaillé qu'il compte bien incarner lors de la prochaine présidentielle. Se réclamant du gaullisme, sont programme a une forte connotation sociale dont le fameux revenu de citoyenneté est la mesure phare. Crédité de 3% des suffrages, ce candidat additionné à d'autres initiatives "dissidentes" pourrait représenter un grand danger pour l'actuelle majorité.

Christine Boutin, égérie de la démocratie chrétienne

Après beaucoup d'hésitation, la présidente du parti chrétien-démocrate a décidé de présenter sa candidature à l'élection présidentielle. Autre déçue du Sarkozysme, Christine Boutin compte représenter un projet humaniste dont la famille serait le socle. Avec des positions conservatrices comme l'opposition à l'avortement et l'union même civile (elle fut contre le PACS en 1999) de personnes du même sexe, il semble que ces idées ne trouvent que peu d'écho parmi la population française et son score de 1,2% réalisé en 2002 ne devrait guère augmenter.

UMP: beaucoup de doutes

Président actuel et terminant son premier mandat, Nicolas Sarkozy semble le candidat naturel et le leader incontesté de ce parti. Pourtant, les multiples intention de candidature des partis satellites et même quelques voix s'élevant au sein des députés UMP à propos de sa légitimité fragilisent l'ancien maire de Neuilly. Assez bas dans les sondages, une côté de popularité battant des records dans l'opinion négative la question se pose effectivement. Toutefois, le président de la république s'efforce de redorer son image à moins d'un an du terme fatidique. A l'heure d'aujourd'hui, deux hommes sont en situation de concourir à la course suprême pour pallier à un improbable désistement de Nicolas Sarkozy: François Fillon et Alain Juppé. Ce dernier a même eu le soutien implicite de Jacques Chirac, déclarant avec son "humour corrézien" qu'il voterait François Hollande si Juppé ne se présentait pas. Cette phrase qui a fait beaucoup de remous tant à droite que dans la vie politique en général en dit long sur l'estime qu'a l'ancien président de son successeur...

Nicolas Dupont Aignan le gaulliste

Se revendiquant lui aussi de la tradition gaulliste en droite ligne, Nicolas Dupont-Aignan défend des valeurs de justice sociale, d'ordre moral et de démocratie très poussée.
Contrairement cependant à Dominique de Villepin ou Christine Boutin celui-ci n'est pas favorable à l'europe et souhaite une France forte sur la scène européenne et mondiale.
Debout la république, son mouvement autrefois lié à la nébuleuse UMP n'avait pas été représenté en 2007 faute d'un nombre de signatures insuffisant. NDA avait alors soutenu Nicolas Sarkozy. Opposé à un exécutif fort représenté par l'actuel président, Nicolas Dupont-Aignan est parti à la chasse aux signatures dès la fin 2010 et compte bien réunir les 500 nécessaires.

La droite conservatrice et souverainiste: l'euroscepticisme au coeur du débat

On avait un peu oublié Frédéric Nihous (CPNT) et Philippe de Villiers (MPF) mais ces deux là comptent bien présenter leur candidature l'année prochaine. Le président du mouvement défendant la ruralité et du mouvement pour la France avaient présenté une candidature commune lors des élections européennes de 2009 sous la bannière Libertas. Ils avaient exprimé à l'époque leur rejet de l'europe et militaient pour une France forte et souveraine au sein de l'échiquier européen. On les avait également vus en 2007 lors de la précédente élection présidentielle mais cette fois ci chacun de leur côté. Ce devrait être la même chose en 2012, leurs objectifs étant malgré tout assez divergents.

Front National: l'heure de Marine Le Pen ?

L'objectif est clair depuis l'accession de la fille de Jean-Marie Le Pen à la tête du FN en Janvier 2011: se présenter à l'élection présidentielle et...la gagner.
Contrairement à son père, Marine Le Pen y est résolue (voir article "Marine Le Pen, championne de la communication") et fait tout pour se démarquer de son père, autant célèbre pour ses frasques que pour sa gouaille "légendaire". Globalement, les idées sont les mêmes, prônant notamment la préférence nationale, la sortie de l'euro et un retour aux taxes douanières fortes censées relancer la production locale et éviter les délocalisations. La nouvelle image de Marine Le Pen induit évidemment celle de son parti politique qui avec un discours plus lisse apparaît plus comme populiste que xénophobe dans l'opinion générale.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire